Sans-gêne (ocide)


Un siècle plus tard, pas moyen de faire avouer au gouvernement turc. La culpabilité, si longtemps après, ne pourrait pas être imputée aux personnes, ni même au gouvernement. Les grecs aussi ont essayé, en demandant réparation pour l'occupation nazie. Mais le régime autoritaire turc de Erdogan a peur de se ruiner en dédommagements si jamais il avouait une quelconque responsabilité héritée. D'où le négationnisme et son cortège de deuils à ciel ouvert.

Priorité au prioritaire


Deux poids, deux mesures : vies françaises, vies africaines ? C'est un petit peu plus compliqué que ça. Il y a un ratio buzz/kilomètre (plus ça se passe loin de chez nous, plus ça doit être saignant pour qu'on en parle). Il y a aussi les contours d'une échelle de valeurs communes, échelle qui place la joie de partager un ballon ou un concert au-dessus de l'horreur perpétrée par des étrangers à des étrangers. Un ras-le-bol face au ras-le-bol. Dans un sens, tant mieux. Dans un sens, honte à nous.

GTA

Les flics américains se prennent pour des croisés. En moins doués. 
La vidéo, prise par un passant.

De qui Charlie est-il le nom (commun) ?



« Charlie de service ». Une race dont l'invasion spontanée fait allure d'invasion. Ça y est, le mot Charlie est rentré dans le vocabulaire. Ça aura pris 3 mois. En attendant que les grands pontes de l'Académie le glissent ni vu ni connu dans le dictionnaire, il va quand même falloir songer à le définir. Que signifie Charlie ?
Dans l'alphabet militaire, c'est un C. Dans l'alphabet populaire, c'est infiniment plus. Ça désigne l'expression personnelle d'une réaction commune à une actualité turbulente. Mais Charlie n'est pas l'adjectif qu'on a bouffé à toutes les sauces, cet état rudimentaire qu'il fallait être ou ne pas être, là étant la question, sans que personne ne sache exactement ce que ça impliquait. L'accumulation des sujets n'a pas servi à définir l'identité de ce nouveau visage mais au contraire à le fondre dans la masse. Trop de Charlie tuent Charlie. Car Charlie est bien un nom – un nom commun – et non pas un adjectif. L'expression d'un non commun.

Un Charlie est un idéaliste. Il croit en la force des discours, la nécessité de la résilience. Un Charlie n'est pas politique, pas laïc, pas spirituel non plus (bien qu'il ait foi en l'union des Hommes et la valeur du monde). Un Charlie est un colibri : il accepte de porter sa maigre pierre à l'édifice, n'a pas honte de ne pas pouvoir faire plus. Au contraire il tire sa fierté de n'être qu'un maillon. Il est démocratique par essence. Un Charlie, pourrait-on dire, est bon. Mais un autre mot s'impose pour le définir : il est vigoureusement et profondément humain. Le « Charlie de service », comme tous les phénomènes de société, disparaîtra au profit du phénomène suivant. Mais un élan est né qui perdurera, même quand on aura oublié le nom des disparus, de leurs tueurs et des causes qui les animaient tous. Ce qui restera après qu'on ait tout épuisé, c'est le vocabulaire, qui ne s'use pas à force d'être employé. On dira « Charlie » pour traduire empathie, révolte et espoir. On dira "apolo" pour traduire méfiance, haine et exclusion. On dira aussi "Torchoir", sans savoir pourquoi, car nous aurons déjà pratiqué notre devoir d'oubli.