N'importe quel trou

La nouvelle revue canadienne s'appelle Post. Dedans, en cherchant un peu, on peut trouver un poème qui parle de souris. Bonne chance, hein !

Il est aussi ici :


N’importe quel trou


N'importe quel trou
où il n'y a pas d'ami
ailleurs que dans le verre
pas de femmes
et pas d'hommes

ou alors
se passant le relais de la vie
de soi à soi
dans le secret
de ventres
seuls

pas de souris
pas d'hommes
s'injuriant le latin
est cette langue morte
qui bouge encore insulte encore ne goûte
plus
les saveurs pas d'amis
ne me donnez plus d'amis
dit-elle
j'ai trop aimé les détails de leurs mains
écouté leurs chansons en passant
mesuré cent fois en vain leurs passages
dans le couloir carrelé
et chaud

plus de confiance
dit-elle encore
par-devers elle
tenues fermées
ses lèvres froides

le juge est parti
elle n'a que son histoire
à jeter dans l'arène
à pensées
elle voudrait relever la tête
être belle un peu
ou mignonne
au moins mignonne
et trouver les astuces
pour répondre à son corps
qui ne veut plus rien dire

le juge va revenir
tout blanc le juge
et sous le bout de ses mains de poudre
les ongles
et dehors les aiguilles
sucre liquide empoisonné

comme tous ceux qui s'apprêtent à mourir
elle se raconte une histoire
comment ne pas confesser sa vie
de souris

blanche blouse et boutons blancs
le juge en costume de science
enfile ses gants de plastique
un jardin
dit-elle tout bas
un muret – pas trop loin – le sillon
de la route
une maison de banlieue sale
un trou
dans le canapé
pas si grand
un tout petit trou
de souris
pour exister quand même s'acharner
jusqu'au vide amener un corps issu du vide
du latin da coda da capo
de la tête à la queue

et un trait de scalpel – 

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